Morihei Ueshiba
Le Fondateur de L'Aïkido
L'histoire
La période de formation
(Jeunesse et Maîtrise des arts martiaux traditionnels) : de 1883 aux années 1910-1920
- 1883 : Naissance de Morihei Ueshiba à Tanabe, Japon. Il est de constitution fragile et son père l'encourage à fortifier son corps par la pratique d'arts martiaux (sumo, natation).
- Fin des années 1800 - Début 1900 : Il étudie plusieurs styles de jujutsu (notamment le Tenjin Shinyo-ryu et le Goto-ryu du Yagyu Shingan-ryu) et de kenjutsu (Shinkage-ryu).
- 1915 : Rencontre décisive avec Sokaku Takeda, maître du Daito-ryu Aiki-jujutsu. Ueshiba devient son disciple et étudie intensivement cet art
La période de la révélation et de l'Aiki-Budo
(Les débuts de sa propre voie) : des années 1920 à 1942
- 1919: Morihei Ueshiba quitte Hokkaïdo pour veiller son père malade et rencontre en chemin Onisaburo Deguchi, figure spirituelle majeure de l’Omoto-kyo. Cette rencontre marque un tournant dans son évolution spirituelle. Après le décès de son père en 1920, il s’installe à Ayabe, au siège de l’Omoto-kyo, où il ouvre un dojo. Il y approfondit sa quête intérieure et pose les fondements de ce qui deviendra l’Aïkido.
- 1931 : Ouverture du Kobukan Dojo à Tokyo, qui devient le "Dojo de l'Enfer" en raison de l'intensité des entraînements.
- 1942 : Morihei Ueshiba nomme officiellement son art "Aïkido". C'est un point de bascule symbolique, marquant une distinction claire avec les autres arts martiaux et l'expression de sa philosophie de l'harmonie (Ai) et de l'énergie (Ki).
La période de la diffusion et de la reconnaissance
(Le rayonnement mondial de l'Aïkido) : de 1942 à 1969
C'est la période où l'Aïkido prend sa forme moderne et commence à se propager à travers le Japon puis dans le monde entier, sous la direction de Morihei Ueshiba et de ses disciples.
- 1945: à la fin de la Seconde Guerre mondiale, les arts martiaux sont interdits par les forces d’occupation américaines. Grâce à sa dimension pacifique, l’Aïkido fait partie des premiers à être autorisés de nouveau. En 1948, le Kobukai est réorganisé pour devenir la Fondation Aïkikai – Aïkido So Hombu, dirigée par Kisshomaru Ueshiba, fils de Morihei Ueshiba.
- Dans les années 1950-1960, Morihei Ueshiba, désormais reconnu comme O'Sensei ("Grand Maître"), délègue progressivement l’enseignement à ses disciples les plus avancés. Ceux-ci diffusent l’Aïkido au Japon et à l’international, notamment en France. En 1956, une première démonstration publique marque l’ouverture officielle de l’Aïkido au grand public.
- 1960: Morihei Ueshiba reçoit l'Ordre du Shiju-Hosho des mains de l'Empereur Hirohito, en reconnaissance de son rôle dans la création de l’Aïkido. Il s’éteint le 26 avril 1969, alors que son art martial est déjà pratiqué par des centaines de milliers de personnes à travers le monde.
Paroles de O-Sensei
- D'après le Mémorandum paru – en anglais – dans le journal de l'Aïkikaï «The Aïkido» en 1988
- Les principaux composants de la pratique (keiko) de l'aïkido sont les exercices mettant en œuvre le Ki et le principe de Tanren (tanren ho)*. Le type le plus extrême de pratique du ki est le véritable duel à mort. Originellement, la compétition que l'on rencontre dans la plupart des sports est absente des budo. La raison en est que dans les budo une compétition entraîne inévitablement un risque de blessures graves ou de mort. Qui plus est, rechercher le combat est une grande faute, car blesser quelqu'un mortellement est le crime le plus grave que l'on puisse commettre. Au Japon, depuis les temps les plus reculés, le principe directeur du budo est d'éviter de blesser ou de tuer son adversaire. Le véritable budo est la voie de la grande harmonie et la purification du corps et de l'esprit (misogi). En d'autres termes, le budo est régi par le principe qu'avant de pouvoir agir sur l'ordre de la Terre et du Ciel, on doit se corriger soi-même et se plier aux Dix mille choses. C'est pourquoi je suis particulièrement attristé par l'enseignement de ceux qui ignorent le vrai budo dont je parle et qui sont tombés dans les formes militaristes des arts martiaux qui se sont développés plus tard dans l'histoire de notre pays.
- Nombreux sont ceux qui pensent que je n'ai jamais perdu ni connu d'échecs. Ce n'est pas vrai ; en vérité j'ai connu de nombreuses défaites dans le passé, causées la plupart par mon manque de cœur. Une fois, je me suis rendu dans la préfecture de Kanagawa pour faire une démonstration d'aïki et enseigner aux forces de police locales. J'y ai été accueilli par mon partenaire, qui s'est trouvé être un professeur de judo de grande taille. Au cours de la démonstration, alors que j'essayais d'expliquer quelque chose, mon partenaire a résisté et je me suis blessé au poignet.
- La conséquence de cette expérience fut, néanmoins, de me donner une importante leçon spirituelle: ne pas agir contrairement à la Voie, et toujours persister dans l'amour de mon partenaire. C'est à la suite de cela que j'ai résolu d'adopter entièrement une attitude d'amour véritablement miséricordieux. J'ai connu un autre échec dans le passé dans un petit village de pêcheurs où je m'étais arrêté au cours de mes voyages à travers le pays. J'y rencontrai un lutteur sumo amateur trapu : il faisait bien 1mètre 80 et pesait quelque 100 kilos. Aussitôt il me mit au défi de combattre avec lui, ce que j'acceptai. Je n'ai pas été battu, mais je fus incapable de le saisir à cause de la sueur qui rendait son corps extrêmement glissant. Après un temps, nous commençâmes tous deux à nous fatiguer et c'est alors que je découvris la manière mystérieuse de maîtriser quelqu'un d'un seul doigt en manipulant son ki. C'est ainsi qu'est né le principe Aïki de *Tanren.
- Si vous regardez mon passé, vous constaterez que j'ai connu beaucoup d'échecs. Cependant, chaque échec m'a apporté une nouvelle leçon ou une nouvelle technique, dont la somme a été la réalisation de la Voie de l'Aïki. En plus de ces histoires, j'ai connu bien d'autres situations où se jouait la vie ou la mort, étant attaqué par des gens armés de bokken ou même de vrais sabres.
- C'est ces expériences qui m'ont permis de suivre la voie du Shugyo** que je poursuis aujourd'hui encore.
- * Tanren : c'est l'idée de forger et de polir le corps. Cette notion est aussi commune dans les écoles de karaté traditionnelles.
- ** Shugyo : discipline ascétique, entraînement intense.
Shugyō Aïkido
O-Sensei